Une statuette japonaise

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » Les objets blessés rassemblés par Georges Banu font écho à l’interrogation de Lamartine. Objets blessés, âmes blessées. La dimension autobiographique s'impose : « Mon appartement, un orphelinat d’objets blessés. Je leur accorde mon hospitalité, et ainsi, entre nous, s’instaure une relation de confiance. Je les regarde et ils me regardent également. Point d’indifférence entre nous, seulement le silence d’un dialogue qui s’établit dans la solitude commune ! » Georges Banu parle dans ce film des objets qu’il a réunis autour de lui et qui l’ont accompagné dans son écriture et sa réflexion sur l’art : masques, marionnettes, sculptures, tableaux… Ces objets réclament la tendresse que l’on éprouve à l’égard des êtres affaiblis et renvoient, en miroir, le reflet de nos propres blessures. Ils attestent dans leur fragilité du passage du temps, tout en portant fièrement le flambeau de ce qui a été sauvé.

Georges Banu est un essayiste qui a su restituer le récit de la scène moderne dont il a été plus qu’un spectateur-témoin, un de ses fervents acteurs, sur la ligne de crête entre théâtre et vie. L’idée du film est de rester dans cet entre-deux qu’il aimait tant, en pénétrant dans son lieu de vie et de travail, accompagné de sa parole, à travers une adaptation de son dernier ouvrage testamentaire, Les Objets blessés.