mon parcours de pédagogue

C’est avec beaucoup de liberté que les élèves ont participé à cet atelier. Les exercices ont donné un cadre leur permettant d’appréhender les règles du jeu théâtral, de l’expression des sentiments à la gestion de l’espace scénique. Leur implication dans cette aventure collective a visé à leur faire prendre conscience du rôle de chacun au sein d’un groupe et de se prendre en main tout au long du processus de création. Le spectacle a été conçu à partir d’improvisations sur un thème spécifique, invitant les élèves à y apporter leur univers propre. Puis la composition et les répétitions on donné lieu à l’écriture de La Princesse des Lucioles.

J’interviens régulièrement auprès de troupes d’improvisation (improvisation théâtrale, match d’impro..) avec pour mission de revisiter les fondamentaux du jeu d’acteur en situation d’improvisation sous l’angle du jeu corporel. Connaissant bien les qualités des comédiens improvisateurs (sens de la répartie, réactivité, capacité à construire une situation ou une histoire…) et aussi leurs problématiques (tendance à recourir à des clichés, enchainements d’idées précipités, paroles trop explicatives au détriment du ressenti…), j’apporte aux compagnies des techniques leur permettant d’enrichir leur registre de jeu. Pour cela j’utilise des principes de ma pédagogie axés sur le jeu silencieux et à la composition scénique : dynamiques de groupe, expression des sentiments et réaction à l'environnement, attitudes corporelles et archétypes.

Dans le prolongement d’une vingtaine d’années d’enseignement d’art dramatique, c’est au sein de l’association Thema que je continue de diriger de stages et des formations, destinés à des publics variés : professionnels du spectacle vivant, praticiens amateurs ou encore lycéens en classe préparatoire aux formations professionnelles. Ma pédagogie se développe toujours sur la corporéité du comédien, sur l'harmonisation de l'intention et du geste, sur la relation entre l’expression du comédien et la perception du public.

J’ai mis en scène un groupe de quinze comédiens et comédiennes, que j’ai sélectionnés parmi des candidats proposés par Pôle Emploi Spectacle, en vue de préparer des auditions devant des directeurs et directrices de castings, des réalisateurs et réalisatrices et des metteurs en scène. Sous ma direction, les comédiens et comédiennes, en duo ou en solo, ont travaillé des scènes mettant en valeur leur registre de jeu, leu personnalité, leur savoir-faire. La représentation a eu lieu au Théâtre de Dix Heures à Montmartre. Elle s’est soldé par une réussite, recevant un accueil enthousiaste et intéressé des professionnels invités. L’opération devait se répéter avec de nouveaux groupes, mais l’étau budgétaire se resserrant, ce succès aura été le dernier.

J’ai dirigé un stage sur ce thème, destiné à un groupe d’une quinzaine d’artistes professionnels du spectacle vivant. J’ai choisi une formule intensive, ainsi le stage durait 80 heures réparties sur trois semaines de formation. L’objectif était de mettre à niveau les comédiens dans l’appréhension des techniques du jeu corporel, leur permettant de perfectionner leur capacités d’interprétation, de maîtriser leur gestuelle et leur image, de prendre conscience du rôle de chacun dans la composition de l’espace scénique ou cinématographique.

Je suis arrivé dans cette école, alors en pleine crise. J’ai accepté la responsabilité, notamment du cours de clown avec les deuxième année et du cours intitulé Espace-corps-mouvement avec les première année. Tout était à reconstruire avec des directives qui se redéfinissaient sur le vif. Durant les deux années où j’ai enseigné dans cette école, j’ai appliqué ma pédagogie, minutieuse, évolutive, impliquant la créativité des élèves, dans un cadre « résultatif ». Le travail sur le cinéma muet a eu un retentissement marquant. Le travail effectué était particulièrement adapté à leur faire prendre conscience de leur gestuelle et de la place de l’acteur dans l’espace cinématographique. Avec le peu de temps dont nous disposions, je les ai amenés à imaginer des histoires allant de cinq à vingt minutes sur le thème du cinéma muet. J’ai ensuite réalisé le montage de ces 55 films conçus avec une dizaine de classes.

Durant quelques années j’ai participé activement à des commissions pédagogiques autours des arts du mime et du geste. Des formateurs issus principalement de l’héritage d’Etienne Decroux et Marcel Marceau, mais aussi de Jacques Lecoq ou venant de la danse, se réunissent régulièrement pour mener des réflexions pratiques et surtout théoriques ce qui définit le mime aujourd’hui dans sa pratique et dans sa transmission. Au bout d’un certain temps d’échange, j’en suis venu à me trouver en rupture avec ce complexe d’Oedipe mime, avec cette sorte de crise existentielle dans la quelle je ne me reconnais pas. Dès lors, je poursuis mes recherches avec quelques collègues, hors du consensus du « mime et du geste »

Un rythme de croisière est pris pendant plusieurs années. J’organise et dispense des ateliers tous les jours de la semaine, ainsi que de nombreux stages, des séances de direction d’acteur et de conseil artistique. J’interviens pour des compagnies théâtrales, des lycées, des collèges, des MJC, etc. Bref la formation est devenue mon activité principale. Je développe ma méthodologie de l’apprentissage du jeu d’acteur. L’étude des archétypes issus de nos traditions populaires prend une place centrale, questionnant l’universalité du langage. Malgré le succès de ma démarche, le modèle économique sous lequel j’exerce reste fragile. Je décide de revenir à une forme associative, de réduire le nombres d’ateliers et de libérer du temps pour la création de spectacles.

Dans le courant de la saison 2004-2005, je m'installe à Paris avec dans une main ma mallette de masques de commedia dell'arte et dans l'autre un spectacle en solo. Je joue dans les cafés-théâtres parisiens et j'interviens dans diverses productions, tout en dispensant mes premiers ateliers et stages - au Théâtre de la Main d’Or, au Théâtre l’Article, aux sein des Ateliers Théâtre Thierry Hamon ou encore avec l’association Ycon, avant de m’installer aux salles saint Roch dans le premier arrondissement. Tandis que je participe à la vie d'associations culturelles et artistiques, mon activité de formation se développe. Je réunis un groupe d'élèves avec lequel je crée un spectacle qui sera joué à Paris et durant le Festival d'Avignon. En 2007, mon activité de formation se regroupe sous le nom de "Atelier Théâtre Patrick Forian"

De retour en Suisse, après avoir suivi deux ans de formation à l’Ecole Internationale de Théâtre Lassaad, je commence à enseigner au sein de différentes structures. Je m’appuie sur la richesse des enseignements que j’ai reçu pour construire mon approche pédagogique. Je découvre que le rôle de professeur me sied autant que celui de comédien et la transmission d’un savoir-faire me passionne. j’acquière aussi ma première collection de masques et je m’attelle à en réaliser moi-même. Je dispenses des ateliers réguliers d’interprétation, d’improvisation et de mime, ainsi que des stages de commedia dell’arte, de clown et de bouffons.